La conjuration antichrétienne  par Mgr Delassus


Dans son livre en trois volumes, l’auteur nous décrit avec moults arguments et documents le combat de deux sociétés ; celle de Dieu contre celle de Satan. Il nous montre l’acharnement des ennemis de Dieu à la destruction de l’Eglise dans le but de la remplacer par une sorte de République Universelle où l’homme devient le principe et la fin de toute chose, au mépris de Dieu, " alpha et oméga ". Il met en lumière de manière à la fois concrète et théologique quels sont les moyens, les constitutions et les buts des ennemis de l’Eglise.

Après avoir rappelé le fondement de chacune des deux sociétés, l’une fondée sur le mérite, l’autre sur l’esprit de jouissance, il nous montre comment à partir de Philippe IV le Bel, la société bascule de la chrétienté vers ce qu’il appelle par la suite la société moderne, par opposition à la chrétienté.

Au Chapitre III, on peut lire : " L’époque où s’accomplit la transformation de l’antiquité païenne par le christianisme mis à part, il n’en est peut-être pas de plus mémorable que la période de transition qui relie le moyen âge aux temps modernes. On lui donne le nom de Renaissance. Elle se produisit dans une époque de relâchement, d’affaiblissement à peu près général de la vie religieuse, période lamentable dont les caractéristiques sont, à partir du XIVème siècle, l’affaiblissement de l’autorité des papes, l’invasion de l’esprit mondain dans le clergé, la décadence de la philosophie et de la théologie scholastique, un effroyable désordre dans la vie politique et civile. C’est dans ces conditions que l’on mettait sous les yeux d’une génération intellectuellement et physiquement surexcitée, maladive sous tous les rapports, les déplorables leçons contenues dans la littérature antique. Sous l’influence d’une admiration excessive, on pourrait dire maladive, pour les beautés des écrivains classiques, on arborait franchement l’étendard du paganisme. (…) Ils voulaient que l’homme prit son bonheur su la terre, que toutes ses forces, toute son activité soient employées à se procurer le bonheur temporel; ils disaient que le devoir de la société est de s’organiser de telle sorte qu’elle puisse arriver à procurer à chacun de quoi se satisfaire tout son saoul et tous ses sens.  Rien de plus opposé à la doctrine et à la morale chrétiennes. "

Après avoir étayé ces principes, Mgr Delassus démasque les agents de cette " civilisation moderne ", montrant bien qu’il ne s’agit pas simplement d’idées désincarnées mais bel et bien à l’œuvre par des hommes ayant des moyens et des constitutions. Et il nous donne ici de nombreux détails que vous aurez plaisir à découvrir en parcourant le livre. Suite à la dénonciation de la Franc-maçonnerie comme principal ennemi de l’Eglise par le pape Léon XIII, on peut lire avec intérêt cet extrait du bulletin de la grande loge maçonnique écossaise : " La franc-maçonnerie ne peut moins faire que de remercier le Souverain Pontife de sa dernière encyclique. Léon XIII, avec une autorité incontestable et un grand luxe de preuves, vient de démontrer, une fois de plus, qu’il existe un abîme infranchissable entre l’Eglise, dont il est le représentant, et la Révolution, dont la franc-maçonnerie est le bras droit. Il est bon que ceux qui sont hésitants cessent d’entretenir de vaines espérances. Il faut que tous s’habituent à comprendre que l’heure est venue d’opter entre l’ordre ancien, qui s’appuie sur la Révélation, et l’ordre nouveau qui ne reconnaît d’autres fondements que la science et la raison humaine, entre l’esprit d’autorité et l’esprit de liberté "

Ayant démasqué les agents et répertorié toute leur action depuis la Renaissance jusqu’à nos jours au travers de ses principaux défenseurs, groupes ou individus, il nous dévoile quels sont leurs moyens et leurs constitutions. C’est incontestablement un des passages les plus intéressants de l’ouvrage. On y trouve tout d’abord les intentions des Carbonari et de la Haute Vente à l’encontre de la papauté. Au chapitre XXVI intitulé " le suprême attentat " on lit dans les papiers de la Haute Vente saisis par Grégoire XVI : " Le Pape, quel qu’il soit ne viendra jamais aux sociétés secrètes. Nous n’entendons pas gagner les Papes à notre cause, en faire des néophytes de nos principes, des propagateurs de nos idées. Ce serait un rêve ridicule, et, de quelque manière que tournent les événements, que des cardinaux ou des prélats, par exemple, soient entrés, de plein gré ou par surprise dans nos secrets, ce n’est point du tout un motif pour désirer leur élévation au Siège de Pierre. Cette élévation nous perdrait. L’ambition les aurait conduits à l’apostasie, les besoins du pouvoir les forcerait à nous immoler. (…) Nous ne doutons pas d’arriver à ce terme suprême de nos efforts. Rien ne doit nous écarter du point tracé ; au contraire, tout doit y tendre. L’œuvre est à peine ébauchée ; mais dès aujourd’hui nous devons y travailler avec la même ardeur que si le succès devait le couronner demain. (…) Or donc pour nous assurer un Pape dans les proportions exigées, il s’agit d’abord de lui façonner, à ce Pape, une génération digne du règne que nous rêvons (…) Dans quelques années, ce jeune clergé aura, par la force des choses, envahi toutes les fonctions ; il gouvernera, il administrera, il jugera, il formera le conseil du souverain, il sera appelé à choisir le Pontife, comme la plupart de ses contemporains, sera nécessairement plus ou moins imbu des principes italiens et humanitaires que nous allons commencer à mettre en circulation ".

" Pour atteindre le but de Voltaire (" écrasez l’infâme "), la secte sait bien qu’il ne suffit point de renverser le pouvoir temporel des Papes, ni même de tenter le possible et l’impossible pour obtenir un Pape à sa dévotion, il faut atteindre les âmes. C’est en elles que l’idée chrétienne doit être étouffée, qu’elle doit mourir. " C’est pourquoi l’un de leurs buts dérivés est la corruption des mœurs et des idées. Voilà ce que l’on peut lire dans une lettre saisie en 1838 : " Il est décidé dans nos conseils que nous ne voulons plus de chrétiens, ne faisons donc pas de martyrs, mais popularisons le vice dans les multitudes. Qu’elles le respirent par les cinq sens, qu’elles le boivent, qu’elles s’en saturent. Faites des cœurs vicieux, et vous n’aurez plus de catholiques ". D’ailleurs, dans le même genre d’idée, les hommes faisant la loi et les femmes les mœurs, la secte va chercher à corrompre la femme pour faire tomber les mœurs. N’est-ce point eux qui ont dit " mettez la femme en minijupe et la morale catholique tombera d’elle-même ". Si la corruption des mœurs est une chose, le principal reste la corruption des idées. Ainsi Weisaupt, membre de la Haute Vente déclare : " Le grand art de rendre infaillible une révolution quelconque, c’est d’éclairer les peuples, c’est à dire amener insensiblement l’opinion publique à désirer, à vouloir, à exiger les changements, qui sont l’objet de la révolution voulue. " Pour atteindre ce but, les loges maçonniques sont là comme une véritable machine de guerre à corrompre. Voilà comment Bakounine fait le portrait du maçon véritablement initié : " Le révolutionnaire est un homme consacré. Il n’a pas d’intérêt personnels, pas de sentiments, pas d’affaires, pas de préférence, pas de biens, pas même de nom. Tout en lui est absorbé par un intérêt unique et exclusif, par une pensée unique, par une passion unique ; La Révolution . Non seulement par ses paroles, non seulement par ses actes, mais encore dans le fond même de son être, il a rompu à jamais avec l’ordre public, avec le monde civilisé tout entier. Froid envers soi-même, il doit l’être aussi envers autrui. Tous les sentiments d’affection, d’amour, de gratitude doivent être étouffés dans son âme par la passion unique et calme de l’œuvre révolutionnaire. Nuit et jour, il doit avoir une pensée unique, poursuivre un seul but : la destruction implacable. Et accomplissant cette œuvre froidement et sans relâche, il doit être prêt à périr et à égorger de ses propres mains quiconque fait obstacle à ses desseins ".

Mgr Delassus passe au crible tous les moyens employés par la Franc-maçonnerie pour faire passer ses idées; que ce soit par son organisation avec une partie visible et une partie occulte, que ce soit par ses méthodes; la suggestion d’idées allant systématiquement dans leur sens ou dénaturant les idées adverses. Une de leur suggestion des plus remarquées sera de faire croire que " le christianisme est une doctrine essentiellement démocratique " … et l’on se souvient de la déclaration conciliaire définissant l’Eglise comme " peuple de Dieu " à l’instar du " corps mystique du Christ ".

Dans la suite de ses considérations Mgr Delassus dépeint les principes de la reconstruction du Temple en politique avec l’instauration de la République Universelle puis en religion avec l’avènement du judaïsme humanitaire ; les juifs étant les maîtres d‘œuvre et Satan le grand architecte du Temple.

Enfin il dépeint la solution à cette conjuration en rappelant l’économie du salut, les différentes tentation dont Satan se sert pour faire tomber la chrétienté. A travers plusieurs prophéties importantes, il montre que ces épreuves ont été prédites et donne des remèdes à la lumière de la doctrine de l’Eglise qui sont grosso modo la conversion de tout un chacun à une vie vraiment chrétienne et l’instruction sur notre Sainte Religion et en guise d’espérance il cite le grand Bossuet " Quand Dieu veut faire voir qu’un ouvrage est tout entier de sa main, il réduit tout à l’impuissance et au désespoir, puis il agit ". Si cela n’est que du Bossuet, il y a là une donné théologique, à savoir que Dieu n’abandonne pas les siens.

En guise de conclusion, notons que notre propos n’est qu’un bref aperçu de ce monument de réflexions à la fois pratique et théologique et que ce n’est qu’en le parcourant assidûment que vous en percevrez tout l’intérêt et la portée. On trouve en annexe du livre un ensemble de documents des plus intéressant.
 

 

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