GARCIA
MORENO,
par le Rnd père BERTHE
édition fac-simile, qualité 2, 2 volumes 14,5x20, 851 pages : 40
€
La vie de Garcia Moreno vient nous montrer par les faits, qu'un État chrétien est encore possible de nos jours, qu'il est possible de remonter le torrent révolutionnaire, possible de se débarrasser de l'hypothèse et de prendre le Syllabus pour règle des États et des sociétés, possible enfin d'attaquer dans sa source les principes de la Révolution. Garcia Moreno l'a fait, au milieu de difficultés inouïes : l'ennemi au dehors ; au dedans une armée désorganisée, une magistrature sans traditions et sans principes, un clergé dans la révolte, ne connaissant plus les lois de la hiérarchie, des ordres religieux sans autre règle que la licence, tous les caractères amoindris par le catholicisme libéral, et enfin, pour profiter de ces éléments de désordre, les francs-maçons partout. La tâche était impossible ; Garcia Moreno n'a pas reculé, et son éternelle gloire est d'avoir réussi.
Par le côté humain et vulgaire de l'histoire, Garcia Moreno devrait avoir sa place sans conteste parmi les plus grands noms. Son courage invincible dans les dangers, son énergie en face des obstacles où tous ont échoué, la sagesse de ses vues pour organiser et réformer, sa force indomptable de caractère pour dominer les hommes, son habileté et sa prudence pour les conduire et les entraîner, sa gloire enfin dans les combats, où il égale et souvent surpasse ce que la valeur guerrière a de plus étonnant : aucun genre de grandeur n'a manqué à votre héros, et, à la mesure de l'histoire même la plus sévère dans ses jugements, il en faudrait moins pour faire de Garcia un grand homme.
Mais ce n'est pas là son vrai titre à l'admiration du monde. Ses talents prodigieux, ses succès inouïs n'ont été pour lui que des moyens. Il avait une pensée plus haute, qui a fait l'unité de sa vie et l'inspiration de sa noble nature. Il était Catholique et il aimait l'Église, la gardienne infaillible de la vérité.
Or, il savait par la parole du divin Maître que la vérité seule délivrera le monde, les sociétés aussi bien que les individus. C'est pourquoi il voulut faire de la vérité catholique la règle invariable et absolue de sa conduite, dans la vie politique comme dans la vie privée.
C'est là le trait caractéristique de Garcia Moreno, que l’auteur a su mettre en lumière, avec le talent de l'écrivain qui aime son héros et le fait aimer de ses lecteurs.
Aussi cette vie, a-t-elle été la démonstration très complète par le fait que l'État chrétien n'est pas une utopie, que nous pouvons encore demander un gouvernement où le Christ soit vraiment roi et l'Église reconnue comme reine.
La mort de Garcia Moreno n'a pas détruit cette conclusion; mais elle laisse aux chefs des gouvernements, princes ou présidents de république, une grande leçon, en leur apprenant que le pouvoir n'est pas seulement un droit à des honneurs, mais un devoir imposé par Dieu, qu'il faut savoir embrasser et accomplir malgré les contradictions et les menaces, dût-on y laisser la vie.
Une société est heureuse quand Dieu lui donne des hommes de cette trempe. Puisse ce livre éclairer et préparer les âmes à recevoir la lumière divine de la foi, qui a fait la force de Garcia Moreno ! Elle est la première condition nécessaire au salut des peuples.