L'ENSEIGNE
DE VAISSEAU PAUL HENRY, par René BAZIN
édition recomposée, qualité 3, 1 volume 14,5x20, 221 pages : 18
€
avec illustrations
PRÉFACE
Désormais le nom de Paul Henry est acquis à l’histoire militaire de notre pays. L’enseigne de vaisseau qui a commandé, au nom de la France, un détachement de marins français, défendu un poste où flottait le drapeau français, soutenu un siège de deux mois, sauvé trois mille personnes, et qui est mort au moment où les alliés allaient entrer dans Pékin, aura sa page glorieuse dans les annales de notre marine. Il aura aussi le souvenir attendri des âmes qui sauront ou qui devineront à quelles sources cet enfant avait puisé la force calme, le mépris du danger et, mieux que cela, la joie devant le danger. On revendiquera l’honneur de l’avoir connu, d’avoir été son ami, son maître, son camarade. On dira quelle enfance et quelle jeunesse avaient préparé cette fin de vie héroïque, et la pensée de la perfection de la vie, non moins que celle du martyre final, haussera dans les esprits cette jeune gloire jusqu’à la vénération. J’ose dire qu’il en est ainsi déjà. De toutes parts l’hommage est venu à la mémoire de Paul Henry ; d’innombrables lettres ont été adressées à sa famille, par des officiers généraux de la marine, des camarades d’école, des compagnons de la campagne de Chine, de simples matelots qui aimaient leur chef, des prêtres qui l’ont connu, des religieuses qu’il a défendues et sauvées ; son nom a été cité, avec de rares éloges, dans les rapports officiels de notre ministre en Chine et du commandant Darcy ; on l’a donné à un bateau employé au service du corps expéditionnaire entre Takou et le Peï-Ho ; la promotion du Borda, dont faisait partie le jeune officier, les chefs et les camarades qu’il eut à bord du D’Entrecasteaux, ont fait élever par souscription, sur la terre de Bretagne, un monument à l’enseigne Henry ; un évêque missionnaire, à peine sorti d’une ville où il a failli périr, pressé d’y retourner par l’appel de tous les malheureux laissés derrière lui, est venu apporter son témoignage aux parents de son défenseur et leur remettre le drapeau de la cathédrale assiégée. C’est de toutes façons et de tous côtés que la louange s’est élevée, pour affirmer que les âmes ont été émues, en face de tant de jeunesse, de bravoure, de malheur et d’honneur.
Pour moi, j’ai tout de suite pensé, dès que j’ai connu la mort de Paul Henry, qu’il fallait qu’un jour le récit fût publié de cette trop courte vie. J’ai senti que, si peu que mon effort dût ajouter à une gloire déjà acquise, il y avait, à le tenter, une sorte de devoir.
Il importait, en effet, que ces exemples et ces hommages ne fussent pas perdus. Et ce fut la première raison qui me détermina, non pas à écrire la vie de l’enseigne Henry, — mon rôle a été beaucoup plus simple, — mais à mettre en ordre le plus souvent et à résumer quelquefois les documents qui la racontent.
J’étais heureux, également, de rendre cette justice et ce dernier devoir à quelqu’un que j’ai connu et aimé, qui appartenait à une famille depuis longtemps liée avec la mienne, qui fut mon compatriote, l’ami de mon fils et le fils d’un de mes amis.
S’il m’avait fallu, enfin, une dernière raison pour m’engager à entreprendre ce travail, je l’aurais trouvée dans l’opportunité de la leçon qui s’en dégage. Il est bon et réconfortant, à une époque où les sujets de tristesse ne manquent pas sans doute, mais où ils sont trop souvent exploités comme une excuse à ne rien faire, de regarder l’exemple de ce jeune homme, qui n’a douté ni de Dieu, ni de la France, ni de ses chefs, ni de ses soldats, ni des moyens, bien faibles humainement, qu’il avait de triompher, et qui est mort sans doute, mais qui est mort victorieux, en sauvant la mission confiée à sa garde.
R. B
Table des matières :
I L’ENFANCE — L’EXTERNAT
SAINT-MAURILLE — L’ÉCOLE PRÉPARATOIRE DE JERSEY 5
II L’ÉCOLE NAVALE 16
III A BORD DE L’ « IPHIGÉNIE » 25
IV A BORD DE LA « MELPOMÈNE » 37
V LA CAMPAGNE DE CRÈTE 47
VI L’ÉCOLE DES FUSILIERS DE LA MARINE — L’EMBARQUEMENT POUR LA CHINE 68
VII LA ROUTE DE CHINE 72
VIII LE SIÈGE DU PÉ-T’ANG 122
IX LE VŒU A SAINTE-ANNE 192
X QUELQUES LETTRES 199