L'OMBRE DE LA CROIX, par Jérôme et Jean THARAUD
édition originale, qualité 2, 1 volume 14,5x20, 238 pages  : 20 € 

— Nous recommandons ces livres à notre jeune public catholique, nous permettant de l’appuyer sur nos souvenirs personnels : les ouvrages des frères Tharaud se trouvaient dans toutes les bibliothèques chrétiennes avant-guerre, et nos parents nous encourageaient à les lire sitôt que nous avions 12 ans et plus. — Les scènes que vont peindre ici les frères Tharaud se déroulent en Europe centrale (Pologne, Bohème, pays des Carpathes) ; on y rencontre des types d’hommes qui traversent les siècles sans l’ombre d’un changement : on en verrait les copies exactes aujourd’hui à Tel-Aviv. Mais laissons-les à  leur enquête :

— « Voilà le Juif Courbe qui part pour la Pologne » disaient les paysans en voyant passer Reb Amram (c'est ainsi qu'ils le surnommaient, attendu qu'un paysan de la Haute-Hongrie n'a jamais appelé un Juif par son nom), et du fond de leur cœur, derrière les acacias, ils lui faisaient un bonjour amical….

— « S’étant assuré qu’il était seul, Amram, passa devant la Croix, cracha selon le précepte du Talmud, détourna la tête et prononça la formule rituelle : « Maudit sois-tu, toi qui as fait une fausse religion ! »

— « Que de chemin j'ai parcouru, dit le rabbin, sous la tempête et l'orage, et dans l'orgueil du succès ! J'ai dompté les enfants chrétiens, j'ai marché sur l'ombre des Croix, j'ai trouvé Jérusalem, j'ai reconstruit le Temple écroulé, mais à ma façon. » Suivent des scènes de la vie des juifs mystérieux :

— « Aussi, tu me permettras de vivre, pendant des jours et des années encore, cette vie qui est si belle sous ton joug, ô Éternel ! » Alors, Un long mugissement emplit tout la synagogue... Jusqu'au fond de sa poitrine, le vieillard va chercher ce qui lui reste de souffle pour soutenir, le plus longtemps possible, ce dernier, ce suprême appel à la miséricorde divine. Les veines de son cou se gonflent, ses yeux s'injectent de sang, le souffle expire dans sa gorge. »

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Couverture : Jérôme & Jean Tharaud (caricature parue dans le Petit Parisien) ; Jean Fouquet (XVe) : Le cœur de Jésus est percé d’un coup de lance (détail).