LES
IDEES DU SILLON, par M. l'abbé Emmanuel BARBIER
édition fac-simile, qualité 2, 1 volume 14,5x20, 129 pages : 13
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Tout est condamnable dans la doctrine du Sillon, corruptrice des intelligences et des cœurs. Voici quelques monstres dans les harangues de M. Sangnier :
— « Le Sillon, écrivait-il, n’est autre chose qu’un mouvement social (sic) ayant pour but de mettre au service de la démocratie* en France les forces sociales du christianisme ».
— Ce n’est pas non plus la modestie très-autocratique qui caractérise le fondateur et organisateur : « J’ai dû, dit-il, contribuer à la formation d’une élite (voyez-moi ça !) », et l’on ne s’étonnera pas de rencontrer les mêmes termes chez Luther, Rousseau, Condillac, Babeuf ou Marx, pour lesquels, il est vrai les mots « former une élite » signifie fabriquer des agitateurs professionnels.
— Il y a plus grave encore : « Le Règne de Dieu sur la terre (sic !), écrit Sangnier (p. 56, sq.), voilà bien l’intérêt général humain (c’est nous qui soulignons) le plus général ». L’abbé Barbier réfute :
—« Chaque mot, écrit-il, cache un malentendu, car, alors, notre fin individuelle, comme membre de la société démocratique ne serait qu’une même chose avec notre fin surnaturelle… D’autre part, si nous devons être animés vers cette fin comme par un « intérêt », c’est le propos de l’économiste ou de l’utilitariste… Il est donc évident qu'à moins de passer, par le sophisme le plus audacieux, de l'ordre naturel à l'ordre surnaturel, il est complètement faux de dire que le Christ, parce qu'il s'unit aux hommes par la grâce et les conduit à leur fin surnaturelle, identifie l'intérêt particulier avec l'intérêt général ; car c'est conclure d'une fin surnaturelle commune à une identité d'intérêts naturels ; raisonnement qui implique l'absorption de l'intérêt privé par l'intérêt général, et de l'ordre de la grâce par l'ordre de la nature. »
C’est ainsi qu’on aboutit à Maritain et à Vatican II.
* NDE : C’est nous qui soulignons cet aveu à la fois suicidaire et homicide : quiconque se met « au service de la démocratie » avec ses troupes perd son âme et conduit à la mort les malheureux qu’il a séduits.
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Couverture : à gauche : timbre religieusement émis par la République, le 5 nov. 2000 pour le cinquantenaire de la mort de son bon serviteur, Marc Sangnier ; au centre, portrait du fondateur du Sillon.