LUMIERES SUR DEUX VILLES;
Londres et New-York d'Aujourd'hui, par G. K. CHESTERTON
édition fac-simile, qualité 2, 1 volume 14,5x20, 252 pages : 22
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– Il y a une manière de penser et d’écrire propre à Chesterton et inimitable, qui mériterait un qualificatif à part qui soit parfaitement reconnaissable : une profondeur si naturelle qu’elle est légère sous la plume, un mordant sans équivoque mais toujours paisible et charitable ; surtout un sens aigu du mal, du mensonge, de la fausseté, de l’hérésie, de tout ce qui fait le tartuffe. Avec cela toutes les vertus que le français populaire ou savant a retirées du vieux latin ferum : fier, féroce et farouche, c’est la même chose.
– Définitivement guéri de l’anglicanisme et de l’athéisme qui s’ensuit forcément, Chesterton s’en releva comme d’une abominable maladie mortelle ; il entra alors dans le catholicisme en apôtre comme s’il avait lui-même été dès le berceau un familier de Jésus ou de Saint Paul. Mais voici un exemple entre mille des manières du grand Chesterton.
— « Beaucoup des critiques adressées à mes modestes écrits me reprochent, je l'ai déjà dit, un amour excessif de l'allitération. Ils diraient, pour un peu, que le sujet de Shakespeare et Shaw a été imaginé pour satisfaire cet appétit, quel que soit celui de ces deux noms que je sois supposé avoir inventé ou assimilé à l'autre. Évidemment, je puis toujours y répondre en assurant que les œuvres de Shakespeare ont été écrites par Bacon; ou encore (ce qui semble plus vraisemblable) que celles de Shaw l'ont été par Sidney Webb. La vérité est que les deux noms ont été depuis longtemps réunis par la politique délibérée et agressive du porteur de l'un d'eux. Shaw s'est souvent comparé à Shakespeare; Shakespeare, de son côté, eut, malheureusement pour lui, fort peu d'occasions de se comparer à Shaw (in Lumières sur deux Villes, p. 223). »